Le Spectre

III Le Spectre

Je le vois qui m?apparaît dans la nuit, me sortant de la chaleur de mes draps, avançant impérieusement. Son regard bleu brûle mes sens, caresse mon corps tout entier, il s?approche. Même mon c?ur se retient de battre, mes yeux cessent d?essayer de dompter les ténèbres. Il vient vers moi, tourne autour de mon lit, en m?observant, me souriant avec un sourire où la perversion ne demeure qu?un faible avatar de lubricité.

Je le regarde me dévisager, me déshabiller par delà ses grands yeux azurés, ces prunelles cruelles qui me troublent et font ployer mon âme vers un abîme délicieux de péché et de désir.

Il s?assoit sur le rebord de mon lit.

 Je sens mon c?ur chavirer vers des contrées bien lointaines des vulgaires sentiments journaliers que l?on s?efforce à ressentir, je sens mon c?ur cogner plus fort dans ma poitrine.

-Bel ami ! Lui dis-je pleine d?espoir, la lune est haute ce soir ! Pourquoi ne pas aller nous promener et nous baigner dans son aura ?

-Parce que tout ceci n?est pas réel ! Me répond-il avec un léger sourire.

-Mais je vous voie. Je peux vous toucher si je le désire ! (oh ! Quelle douce ivresse de mes sens, y succomberais-je ? )

Doucement, j?approchais ma main de son visage. Au moment où j?allais enfin pouvoir faire glisser mes doigts sur sa troublante personne, je me réveillais en sursaut, la main tendue, fendant les airs, le c?ur au bord des lèvres.

Désemparée, je tâtais l?endroit où il se tenait quelques instants auparavant. La place était froide mais un creux était bel et bien présent.

Je m?affalais dans mes draps, nageant dans mes suées, avec l?impression que jamais plus je ne pourrais aimer un être de chair tant que mon spectre adoré viendrait hanter mes nuits et faire consumer mon âme et mes sens d?un feu ardent que lui seul était prompt à allumer.